Depuis quelques mois, il faudrait être sourd et aveugle, pour ignorer cete campagne qui nous envahit, submerge tout, et finit par nous obséder. Campagne pour l'élection présidentielle de mai 2012, encore un petit effort, la pression médiatique risquant de monter en puissance dans les prochains jours. De l'autre côté de l'Atlantique se joue le même scénario. Le clip Obama répondant aux critères cinématographiques qui feront de lui The Artist.


Arcanes.

Le décryptage des discours est devenu une activité obligée dans tous les média. La télé a la primeur, puisque les images qu'elle nous propose sont la plupart du temps des raccourcis. Il faut donc bien en "reconstituer" la totalité. En termes clairs. Dès fois que vous auriez un peu de mal à comprendre, et surtout pas le temps de vous farcir l'intégralité du discours, ou désormais de l'interview. Les journalistes, dont l'investigation ressemble à s'y méprendre à un interrogatoire de police. Même Pujadas est devenu agressif, à croire qu'il va bientôt prendre le candidat par les revers de son veston ... Dans un aute registre, le copinage et les bons mots( Laurence Ferrari et Melenchon) illustrent bien cette proximité entre la politique et la presse. 

Bande annonce (en VO, mais le Danois ça a de la gueule) de l'excellente série danoise, Borgen, qui met en scène les arcanes de la politique au royaume du Danemark. Birgitte Nyborg en est le premier ministre, et c'est une femme au pouvoir dont on donne à voir la complexité de la relation entre  sa vie privée et son rôle public. La tragédie de William Shakespeare ,Hamlet, fils du roi de Danemark, est presque plus crédible. Comment ne pas devenir fou devant une telle charge de "responsabilités", d'attaques, d'alliances forcées, sous le regard acéré d'une presse parasite (au sens où son existence est inhérente à celle du politique) qui fait l'opinion. On pourrait attendre de cette femme qu'elle impulse une force nouvelle dans un paysage politique qui rappelle assez bien le notre. C'est le contraire qui arrive. De coalitions en compromis, sous l'influence de son conseiller en communication(spin doctor) et des coups médiatiques, elle finit par y perdre son couple et son meilleur ami. Elle est devenue intransigeante, n'hésite plus à utiliser son spin doctor pour les actions inavouables, de plus en plus seule dans l'exercice du pouvoir.

 

plaisir solitaire

Cette solitude, c'est le centre du film de Pierre Schoeller, l'Exercice de l'Etat, incarnée par Olivier Gourmet dans le rôle de Bertrand Saint Jean, ministre des transports. Bête de somme, bon à tout faire, incassable, il est une balle qui rebondit toujours, en quête du bon choix, du bon mot, de la meilleure prévision, celle que sa dir com (sa spin doctor/ voir lexique) ou celui qui écrit ses discours (son Claude Guéant ?) vont peut-être lui révéler. Un rythme échevelé, des événements en cascade, des directives inapplicables, les sirènes du "privé", l'absence de vie(privée), comment ne pas perdre le Nord, privé de tous les repères qui font la vie quotidienne: écouter une chanson(Souchon), prendre une cuite la nuit avec ce chauffeur muet, et avoir une vraie engueulade avec une femme de ce peuple dont il est si loin.
Garder la distance, avoir le bon profil sur l'image, le bon journaliste dans la manche, ça finit par donner la gerbe. Et sous tension en permanence, toujours accompagné, ce qui devrait être du domaine de l'intimité, explose en public. Sa nomination au poste de ministre de la solidarité se fait dans les chiottes, au téléphone. La scène inaugurale du film, onirique, montre une femme nue qui s'engouffre dans la gueule d'un caïman. Cette image qui fait bander notre ministre renvoie au titre du film de Moretti (2006), surnom de Berlusconi, spécialiste de la séduction perverse, au nom du peuple. Au fond, dans cette vision cynique, la démocratie apparait comme le résultat de combines à la recherche des 5 points dans les sondages. Ce qui n'exclut pas une certaine efficacité, heureusement.

Spin doctor

Comment gravir les "Marches du Pouvoir" sans se casser la gueule ? Quand on a celle de Ryan Gosling, ça nous touche forcément. Quand il est celui qui met en scène l'ascension du sénateur Georges Clooney vers le siège de Président, on a envie que ça fonctionne. Et ça fonctionne. Un suspense politique comme savent le faire les américains, mais qui passera derrière le film français The Artist aux Oscars, mais tout le monde sait ça. Et pourtant s'il y a un "peuple" qui est gavé jusqu'aux oreilles de politique, systématiquement mise en scène(voir le clip Obama), c'est bien l'Américain. La goutte qui fait déborder le vase et perdre l'Oscar.

                                       les marches du pouvoir

Visage

La série de la 2 , les Hommes de l'Ombre , réalisée par Fredéric Tellier, nous propose Nathalie Baye, en candidate à l'élection présidentielle après la mort brutale du président en place.
                                           les hommes de l'ombre
Anne Visage sera donc au centre de machinations, de combines et de violences, qui ne sont pas aussi convaincantes que les péripéties de la série danoise, nettement plus passionnante. Néanmoins, cette série a l'audace d'aborder le sujet qui nous occupe tous : la fin du quinquénat, et la préparation du suivant. Avec le risque de faire passer les faits fictifs pour une certaine réalité, et d'aider un peu plus à la propogation du "tous pourris"(sauf moi ?), leitmotiv qu'on peut entendre dans certains discours, encore anonymes puisqu'il n'y a pas les signatures suffisantes. 

Maison Blanche

en 1999, la série The West Wing (l'aile Ouest de la amison blanche) parait promise à un succès incertain. Elle dure jusqu'en 2006! 
            the west wing
Martin Sheen en président des Etats Unis démocrate, et son équipe. 
Passionnant.
Les deux derniers épisodes ont a posteriori une odeur de divination. Le personnage interprété par Jimmy Smits, celui du candidat démocrate Matthew Santos, issu d'une minorité, préfigure 3 ans plus tard l'élection de Barack Obama. 

                   La démocratie est-elle soluble dans la fiction ?
                          Obama
                                Jimmy Smits et Barack Obama
Retour à l'accueil