Vous ne pouvez pas y échapper, les séries envahissent les écrans. Et si elles se multiplient comme les pains, ou plutôt comme les virus, c'est bien parce que les consommateurs que nous sommes les attendent dans un état de fascination fiévreuse, rongé par l'espoir d'un dénouement favorable pour le héros qu'on soutient. Car le moteur d'une série, je l'ai déjà dit, c'est l'identification au(x) personnage(s). Le cinéma joue sur des ressorts voisins, mais un film c'est 2h 30 maxi, le spectateur étant plus dans l'altérité, la différence.
Alors, s'identifier dans une série où les personnages vivent, survivent en fait, dans un monde (le notre) peuplé de zombies voraces et contagieux, c'est un engagement très incertain.
On va parler de The Walking Dead, tas de veinards.
Je vois une carie là au fond !

Je vois une carie là au fond !

Feuilleton

Le phénomène et le succès des séries télés d'aujourd'hui, et surtout l'explosion virale que le net permet, ne doit pas faire oublier que dans la première moitié du 19è siècle, des auteurs qui vous ont plombé l'ambiance au bac, se sont attelés, bien avant les showrunners d'aujourd'hui, à l'écriture des romans-feuilletons.
Balzac, Chateaubriand, Dostoïevski ont tous débuté dans les journaux.
C'était un pari difficile, il fallait instiller suspense, coups de théâtre, rebondissements , pour que le lecteur achète son journal. Chaque semaine, Eugène Sue inventait les Mystères de Paris, Dumas torturait son Comte de Monte Cristo, et Victor Hugo en 1862, en faisait baver à Jean Valjean et Cosette , ces Misérables. Pinocchio, pourrait être rangé dans la case road-movie, il en a toutes les ficelles. Les rencontres que lui inflige Collodi, fonctionnent quasiment sur le même mode que les épisodes de la "série" moderne. Immergée dans la réalité, avec des épreuves insurmontables, et toujours un train qui en cache un autre.
SÉRIE je t'aime

Zombies

True Detective s'installait dans le sud profond des Etats-Unis. Pauvreté, consanguinité, isolement, un vrai nid à psychopathes. Le Vaudou en arrière plan.
Vaudou, c'est le titre français d'un film de Jacques Tourneur, de 1943. le titre original c'était I walk with a zombie. Si si, un vieux film N&B
Mais le maitre du genre, c'est George Romero. La Nuit des Morts-vivants. 1968. Une maison isolée, où un groupe d'individus disparates est assiégé par une foule de morts vivants.
La série d'aujourd'hui, n'est rien d'autre que la déclinaison de cette histoire, l'esthétique générale étant celle d'une BD.
Comme s'il fallait prouver que le genre Zombie est parfaitement intégré dans notre inconscient cinéphilique, on est obligé de citer Thriller de John Landis, en 1982. Son interprète, Mickael Jackson, et sa flippante transformation en loup garou, en est la consécration. Danser parmi les zombies, les faire danser, c'était le meilleur moyen de les inscrire dans le panthéon cinématographique.
SÉRIE je t'aime
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Ecris ta série.

Incarner la boule dans un flipper, n'est probablement pas votre tasse de thé. Mais qu'en plus ça devienne une obsession, une addiction dit-on aujourd'hui, c'est paradoxal. Et pourtant c'est bien l'enjeu du scénariste d'une telle série.
Une fois qu'on a bien compris le monde dans lequel on se trouve, assez peu différent du notre, il va falloir y pousser ses pions, ses personnages. C'est là qu'il ne faut pas se tromper. Instaurer un groupe, d'accord. Mais avant d'y parvenir, il faut les en faire baver, perdre des proches par exemple. Rien de mieux pour fédérer , pour durcir le ton, pour réduire l'humain à quelques certitudes, en particulier celles d'apprendre à viser et à se servir du couteau. Certains d'entr'eux sont déjà bien servis, et récoltent d'emblée le rôle de meneur.
On cite Darwin (Charles), il faut bien une référence pour éviter d'être confondus avec ceux qui se vautre devant le foot le bras se terminant par une biere.
"La forme originaire de la société humaine était celle d'une horde dominée sans restriction par un mâle fort."
alors le mâle, c'est qui ?
C'est Rick (Andrew Lincoln)

C'est Rick (Andrew Lincoln)

Showrunner

Ecrire le scénario ça oblige évidemment à connaitre l'histoire, à jouer le jeu des rebondissements, et surtout à la faire durer. 3 règles et encore.
D'abord être clair sur la direction à suivre.
La complexité des personnages: ne pas se mélanger les crayons. Rick, Daryl, ou Michonne, ont tous un passé. Le distiller au compte-gouttes , ne pas hésiter à réveiller des comportements d'avant pour mettre en valeur ceux d'aujourd'hui.
Respecter le cahier des charges du pays. Aux US, la famille, la religion les armes, etc... et ne pas hésiter à bousculer le chaland, quitte à aborder des sujets de société : homosexualité, avortement, racisme, du moment que ça reste en famille et avec un flingue à la ceinture façon cowboy ,etc etc .
Les showrunners se réunissent dans une writers'room et pondent les épisodes. Ils n'ont pas forcément lu Freud, mais l'histoire permet d'avoir quelques doutes. "Psychologie des masses et analyse du moi " donne des bonnes pistes pour l'écriture de The Walking Dead", mais c'est Stanley Milgram, l'auteur des expériences de "soumission à l'autorité"qui pourrait servir de support de réflexion : La hiérarchie est un facteur de survie dans les espèces animales , car elle donne la possibilité de faire face. (voir un article précédent "Dans tes rêves" archives 2012)
Voilà, il ne reste plus qu'a s'identifier avec les personnages charismatiques en diable, et tous parfaitement investis dans leur rôle.
Et avoir du temps, beaucoup de temps...

Pour les infos sur la série, créée par Frank Darabont, débarqué au milieu de la 4 e saison, sur le site amc.com

Le charme de la sauvagerie. Michonne (Dania Gurira) et Daryl (Norman Reedus)
Le charme de la sauvagerie. Michonne (Dania Gurira) et Daryl (Norman Reedus)
Le charme de la sauvagerie. Michonne (Dania Gurira) et Daryl (Norman Reedus)

Le charme de la sauvagerie. Michonne (Dania Gurira) et Daryl (Norman Reedus)

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